Le secteur immobilier connaît une transformation majeure avec l'émergence des maisons écologiques, répondant aux préoccupations environnementales croissantes et aux nouvelles réglementations thermiques. Ces habitations, conçues pour minimiser leur impact sur l'environnement, représentent aujourd'hui bien plus qu'une simple tendance - elles incarnent l'avenir du logement. Alliant performances énergétiques optimisées, matériaux durables et systèmes innovants, les maisons "ecolo friendly" offrent non seulement un confort supérieur mais également une réduction significative des coûts énergétiques sur le long terme. Face au dérèglement climatique et à la hausse des prix de l'énergie, opter pour une construction ou une rénovation écologique constitue désormais un choix aussi raisonné qu'incontournable pour les propriétaires et investisseurs immobiliers soucieux de conjuguer valeur patrimoniale et responsabilité environnementale.
Principes fondamentaux de la construction écologique résidentielle
La construction écologique résidentielle repose sur plusieurs principes essentiels qui guident à la fois la conception, la réalisation et l'utilisation des bâtiments. À la différence des constructions conventionnelles, l'approche écologique considère l'impact environnemental du bâtiment sur l'ensemble de son cycle de vie, de l'extraction des matières premières à sa fin de vie, en passant par sa phase d'exploitation. Cette vision holistique permet d'optimiser les performances environnementales tout en garantissant un habitat sain et confortable.
Le premier principe fondamental concerne la bioclimatique, qui consiste à adapter l'architecture aux conditions climatiques locales. Une maison écologique privilégie ainsi l'orientation optimale du bâtiment pour maximiser les apports solaires en hiver et les minimiser en été. Les ouvertures sont stratégiquement positionnées pour favoriser l'éclairage naturel et la ventilation passive. La compacité du bâti est également recherchée pour limiter les déperditions thermiques, tout comme l'utilisation de protections solaires adaptées aux saisons.
L'isolation thermique constitue le deuxième pilier incontournable. Une maison "ecolo friendly" se caractérise par une enveloppe parfaitement isolée, minimisant les besoins en chauffage et en climatisation. L'isolation doit être continue et sans ponts thermiques, ces zones de faiblesse où la chaleur s'échappe plus facilement. Les performances thermiques des parois, exprimées en résistance thermique (R), doivent largement dépasser les minima réglementaires pour atteindre l'excellence énergétique. Un R supérieur à 7 m²·K/W pour les toitures et à 5 pour les murs devient la norme pour les constructions les plus performantes.
La sobriété énergétique représente le troisième principe fondamental. Une maison écologique vise à réduire drastiquement ses besoins énergétiques, bien en-deçà des standards actuels. Cette sobriété s'obtient non seulement par une excellente isolation mais aussi par des équipements à haute efficacité énergétique. L'objectif est de limiter la consommation à moins de 50 kWh/m²/an, voire d'atteindre le standard passif à 15 kWh/m²/an. Cette sobriété s'accompagne idéalement d'une production d'énergie renouvelable locale, permettant de tendre vers l'autonomie énergétique.
Le choix des matériaux constitue le quatrième principe essentiel. La construction écologique privilégie les matériaux biosourcés ou géosourcés, produits à partir de ressources renouvelables et nécessitant peu d'énergie pour leur fabrication. Ces matériaux doivent présenter une faible énergie grise (énergie nécessaire à leur production) et un bilan carbone favorable. De plus, ils doivent être sains, exempts de substances nocives pour la santé des occupants, et idéalement produits localement pour limiter l'impact des transports.
Enfin, la gestion raisonnée de l'eau constitue le cinquième principe. Une maison écologique intègre des systèmes de récupération des eaux pluviales et favorise leur infiltration sur la parcelle. Les équipements hydro-économes réduisent la consommation d'eau potable, tandis que des systèmes de phytoépuration peuvent être mis en place pour traiter les eaux grises avant leur rejet dans le milieu naturel. Cette approche globale de la gestion de l'eau participe à préserver cette ressource précieuse et à limiter l'imperméabilisation des sols.
Labels et certifications des maisons écologiques en france
En France, le paysage des labels et certifications pour les maisons écologiques s'est considérablement enrichi ces dernières années, témoignant de l'importance croissante accordée à la performance environnementale des bâtiments. Ces distinctions permettent aux propriétaires de valoriser leur bien immobilier tout en garantissant aux acquéreurs potentiels un niveau de performance environnementale objectif et reconnu. Chaque label répond à des critères spécifiques et met l'accent sur différents aspects de la construction durable.
La certification HQE (haute qualité environnementale) et ses critères d'obtention
La certification HQE, reconnue comme la pionnière des démarches environnementales en France, évalue la performance d'un bâtiment selon 14 cibles réparties en quatre domaines : l'éco-construction, l'éco-gestion, le confort et la santé. Pour obtenir cette certification, le bâtiment doit satisfaire à un niveau minimum pour l'ensemble des cibles et atteindre l'excellence pour au moins trois d'entre elles. La démarche HQE se distingue par sa vision globale qui ne se limite pas à la performance énergétique, mais intègre également la qualité de l'air intérieur, le confort acoustique et l'impact environnemental des matériaux.
Le processus de certification HQE se déroule en plusieurs étapes, de la phase conception à la livraison, avec des audits réalisés par des organismes indépendants comme Certivéa ou Cerqual. Les critères d'évaluation sont adaptés selon qu'il s'agit d'une construction neuve ou d'une rénovation. Pour les maisons individuelles, la certification "NF Habitat HQE" est spécifiquement dédiée et propose trois niveaux de performance : Bon, Très bon et Excellent. Cette graduation permet aux propriétaires de valoriser leur engagement environnemental à différents niveaux d'ambition.
Label BBC (bâtiment basse consommation) et RT2020
Le label BBC, initié en 2007, a marqué un tournant dans la construction écologique en France en fixant un objectif de consommation maximale de 50 kWh/m²/an en énergie primaire, modulé selon la zone climatique et l'altitude. Ce standard, qui était initialement volontaire, est devenu la référence réglementaire avec la RT2012 (Réglementation Thermique 2012). Il se concentre principalement sur la performance énergétique du bâtiment, avec des exigences strictes concernant l'isolation, l'étanchéité à l'air et l'efficacité des systèmes énergétiques.
La RT2020, désormais appelée RE2020 (Réglementation Environnementale 2020), va encore plus loin en introduisant de nouvelles exigences. Elle ne se limite plus à la seule consommation énergétique mais intègre également l' impact carbone du bâtiment sur l'ensemble de son cycle de vie. La RE2020 fixe trois objectifs majeurs : la sobriété énergétique, la diminution de l'empreinte carbone et l'adaptation au changement climatique, notamment via le confort d'été. Les maisons construites selon cette nouvelle réglementation devront non seulement consommer très peu d'énergie mais également produire plus d'énergie qu'elles n'en consomment, devenant ainsi des bâtiments à énergie positive (BEPOS).
La RE2020 marque un changement de paradigme dans la construction résidentielle en France, passant d'une approche centrée sur l'énergie à une vision plus globale intégrant le carbone. Cette évolution reflète la prise de conscience de l'urgence climatique et la nécessité de réduire drastiquement l'empreinte environnementale du secteur du bâtiment.
Certification E+C- (énergie positive et réduction carbone)
La certification E+C- constitue l'expérimentation qui a préfiguré la RE2020. Cette démarche innovante combine deux dimensions complémentaires : la performance énergétique (notée de E1 à E4) et la réduction de l'empreinte carbone (notée de C1 à C2). Plus les niveaux sont élevés, plus la performance environnementale du bâtiment est importante. Le niveau E4C2 représente ainsi l'excellence en matière de construction écologique avec une production d'énergie renouvelable excédentaire et une empreinte carbone minimale.
Pour obtenir cette certification, une analyse du cycle de vie (ACV) complète du bâtiment est nécessaire. Cette méthode scientifique évalue l'impact environnemental d'un produit ou d'un bâtiment tout au long de son existence, de l'extraction des matières premières à la démolition. L'ACV permet de quantifier précisément les émissions de gaz à effet de serre liées aux matériaux de construction, aux équipements, à la consommation énergétique et même à la mobilité des occupants. Cette approche holistique garantit que les efforts de réduction de l'impact environnemental sont réellement efficaces et ne se contentent pas de déplacer les problèmes d'une phase du cycle de vie à une autre.
Label BBCA (bâtiment bas carbone) et son impact sur la valeur immobilière
Le label BBCA, lancé en 2016 par l'Association pour le Développement du Bâtiment Bas Carbone, se concentre spécifiquement sur l'empreinte carbone des bâtiments. Il valorise les constructions qui émettent peu de gaz à effet de serre sur l'ensemble de leur cycle de vie. Trois niveaux de performance sont définis : Standard, Performance et Excellence. Pour obtenir ce label, le bâtiment doit réduire significativement ses émissions de CO2 par rapport à un bâtiment de référence, tant au niveau de la construction que de l'exploitation.
L'obtention du label BBCA a un impact positif sur la valeur immobilière du bien. Selon une étude du Conseil Supérieur du Notariat, les maisons certifiées bénéficient d'une plus-value moyenne de 6 à 12% par rapport à des biens équivalents non labellisés. Cette valorisation s'explique par plusieurs facteurs : des coûts d'exploitation réduits, une meilleure résistance à l'obsolescence réglementaire et une attractivité accrue pour des acquéreurs de plus en plus sensibles aux enjeux environnementaux. Le label BBCA constitue ainsi un investissement rentable pour les propriétaires, avec un retour sur investissement généralement observé entre 5 et 10 ans.
Matériaux biosourcés pour une construction résidentielle durable
Les matériaux biosourcés, issus de la biomasse végétale ou animale, représentent une alternative écologique aux matériaux conventionnels. Leur utilisation dans la construction résidentielle s'inscrit parfaitement dans une démarche de développement durable grâce à leur faible impact environnemental. Ces matériaux présentent en effet de nombreux avantages : ils stockent du carbone durant leur croissance, nécessitent généralement peu d'énergie pour leur transformation et sont souvent recyclables ou biodégradables en fin de vie.
Bois certifié PEFC et FSC dans l'ossature et la charpente
Le bois constitue le matériau biosourcé par excellence pour la construction écologique. Utilisé pour l'ossature, la charpente ou les menuiseries, il présente d'excellentes qualités structurelles tout en offrant une empreinte carbone très favorable. En effet, 1 m³ de bois stocke environ une tonne de CO2 pendant toute la durée de vie du bâtiment. Pour garantir la durabilité de la ressource, il est essentiel de privilégier des bois certifiés PEFC (Programme de reconnaissance des certifications forestières) ou FSC (Forest Stewardship Council), qui attestent d'une gestion forestière responsable.
Les constructions à ossature bois permettent de réaliser des bâtiments très performants thermiquement. Les murs à ossature bois, moins épais que leurs équivalents en maçonnerie, offrent davantage d'espace pour l'isolation, tout en limitant les ponts thermiques. Le bois présente également d'excellentes propriétés hygrothermiques, régulant naturellement l'humidité intérieure. Les essences locales comme le douglas, le mélèze ou le chêne sont particulièrement adaptées à la construction car elles offrent une bonne durabilité sans nécessiter de traitements chimiques nocifs pour l'environnement.
Isolants naturels: chanvre, lin, ouate de cellulose et leurs performances thermiques
Les isolants biosourcés représentent une alternative écologique aux isolants synthétiques dérivés du pétrole. Parmi eux, le chanvre se distingue par ses qualités exceptionnelles. Disponible sous forme de laine, de béton ou de blocs préfabriqués, il offre une excellente inertie thermique et régule naturellement l'humidité. Sa résistance thermique varie de 0,04 à 0,07 W/m.K selon sa densité, ce qui le place au niveau des isolants conventionnels. De plus, le chanvre présente d'excellentes propriétés acoustiques et une résistance naturelle aux rongeurs et aux insectes.
La ouate de cellulose, fabriquée à partir de papier recyclé, constitue également un excellent isolant thermique avec une conductivité d'environ 0,039 W/m.K. Elle peut être insufflée dans les combles ou projetée humide sur les murs. Sa capacité à absorber et restituer l'humidité en fait un régulateur hygrométrique naturel. Le lin, quant à lui, présente des propriétés similaires au chanvre avec une conductivité thermique d'environ 0,037 W/m.K et une excellente résistance à l'humidité. D'autres isolants naturels comme la laine de mouton, la fibre de bois ou le liège complètent cette gamme, chacun avec ses spécificités techniques et ses domaines d'application privilégiés.
Isolant biosourcé | Conductivité thermique (W/m.K) | Déphasage thermique (h/10cm) |
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Chanvre0,040 - 0,07010 - 12Ouate de cellulose0,038 - 0,0415 - 6Lin0,037 - 0,0406 - 8Fibre de bois0,038 - 0,05010 - 13Laine de mouton0,035 - 0,0404 - 6Liège expansé0,040 - 0,0508 - 10
Terre crue, pierre et autres matériaux géosourcés pour l'enveloppe du bâti
La terre crue constitue un matériau ancestral qui connaît un regain d'intérêt dans la construction écologique moderne. Disponible localement et nécessitant très peu d'énergie pour sa mise en œuvre, elle présente une empreinte carbone quasi nulle. La terre peut être utilisée selon différentes techniques : le pisé (terre compactée dans des coffrages), la bauge (mélange de terre, de paille et d'eau modelé à la main), les briques de terre compressée (BTC) ou encore le torchis (terre argileuse mélangée à des fibres végétales appliquée sur une ossature). Ces techniques offrent une excellente inertie thermique, permettant de stocker la chaleur en hiver et de maintenir la fraîcheur en été.
La pierre naturelle représente un autre matériau géosourcé durable, particulièrement pertinent lorsqu'elle est extraite localement. Dotée d'une durée de vie exceptionnelle pouvant atteindre plusieurs siècles, elle offre une inertie thermique remarquable et ne nécessite pratiquement aucun entretien. Les techniques de construction en pierre sèche (sans mortier) permettent même un démontage et une réutilisation complète du matériau en fin de vie. Dans les régions riches en carrières, l'utilisation de la pierre locale réduit considérablement l'empreinte carbone liée au transport tout en préservant les savoir-faire régionaux.
D'autres matériaux géosourcés comme la chaux, le plâtre naturel ou la pouzzolane complètent avantageusement ces ressources. La chaux, obtenue par cuisson du calcaire, constitue un liant écologique qui permet aux murs de "respirer", régulant naturellement l'humidité intérieure. Le plâtre naturel, issu du gypse, présente d'excellentes propriétés en termes de régulation hygrométrique et de protection contre l'incendie. Ces matériaux, utilisés depuis des millénaires, démontrent que les solutions les plus durables ne sont pas nécessairement les plus technologiques, mais souvent celles qui s'inspirent des pratiques traditionnelles éprouvées.
Revêtements et peintures écologiques sans COV
Les revêtements intérieurs et les peintures conventionnels peuvent être source de nombreux polluants, notamment les Composés Organiques Volatils (COV) qui affectent la qualité de l'air intérieur pendant plusieurs années après leur application. Les peintures écologiques sans COV représentent une alternative saine, composée de pigments naturels (ocres, terres), de liants végétaux (huiles de lin, résines) et de solvants naturels (eau, agrumes). Ces peintures se distinguent par leur faible impact environnemental sur l'ensemble de leur cycle de vie et par leur innocuité pour la santé des occupants.
Pour les revêtements de sol, le linoléum naturel constitue une option particulièrement écologique. Fabriqué à partir d'huile de lin, de poudre de bois, de résines naturelles et de pigments minéraux sur un support en jute, ce matériau est entièrement biodégradable en fin de vie. Antibactérien et antistatique par nature, le linoléum offre également une excellente durabilité pouvant atteindre 40 ans. D'autres alternatives comme les carreaux de terre cuite, les parquets en bois massif certifié ou les moquettes en fibres naturelles (laine, sisal, coco) complètent la gamme des revêtements de sol écologiques.
Les matériaux de finition écologiques ne se contentent pas d'être respectueux de l'environnement, ils contribuent également à créer des intérieurs sains où l'équilibre hygrométrique est naturellement régulé, limitant ainsi les problèmes d'humidité et les risques de développement de moisissures nocives pour la santé.
Systèmes énergétiques innovants pour maisons écologiques
La performance énergétique constitue un pilier fondamental des maisons écologiques. Au-delà de l'enveloppe du bâtiment, les systèmes de production et de gestion de l'énergie jouent un rôle déterminant dans la réduction de l'empreinte environnementale. Les technologies actuelles permettent non seulement de minimiser les besoins énergétiques mais également de produire localement une énergie propre et renouvelable. Cette convergence entre sobriété et production décentralisée ouvre la voie à des habitations autonomes, résilientes face aux crises énergétiques et au changement climatique.
Pompes à chaleur aérothermiques et géothermiques: dimensionnement et rendement
Les pompes à chaleur (PAC) représentent une solution de chauffage et de rafraîchissement particulièrement efficiente pour les maisons écologiques. Fonctionnant sur le principe du transfert de chaleur plutôt que sur sa production directe, elles permettent de consommer 3 à 5 fois moins d'électricité qu'un système de chauffage conventionnel. Les PAC aérothermiques, qui puisent la chaleur dans l'air extérieur, constituent l'option la plus accessible avec un coût d'installation compris entre 10 000 et 15 000 euros. Leur coefficient de performance (COP) varie généralement entre 3 et 4, signifiant que pour 1 kWh d'électricité consommé, elles restituent 3 à 4 kWh de chaleur.
Les PAC géothermiques, qui exploitent la chaleur du sol ou des nappes phréatiques, offrent des performances encore supérieures avec un COP pouvant atteindre 5 à 6. Leur rendement reste stable quelle que soit la température extérieure, contrairement aux modèles aérothermiques dont l'efficacité diminue par temps très froid. Le dimensionnement d'une PAC géothermique dépend de plusieurs facteurs : la surface à chauffer, la nature du sol, le niveau d'isolation du bâtiment et la configuration du terrain. Pour une maison de 120 m², il faut généralement prévoir entre 100 et 200 m² de capteurs horizontaux (à 1 m de profondeur) ou un à deux forages verticaux de 80 à 100 m de profondeur.
Le couplage d'une PAC avec un plancher chauffant basse température maximise l'efficacité du système, la chaleur étant diffusée de manière homogène et à basse température (environ 35°C contre 60-70°C pour des radiateurs conventionnels). Ce type d'installation, bien que représentant un investissement initial plus conséquent (15 000 à 25 000 euros pour une géothermie), offre un retour sur investissement généralement compris entre 7 et 12 ans grâce aux économies d'énergie réalisées et aux aides financières disponibles, notamment les certificats d'économie d'énergie et MaPrimeRénov'.
Panneaux photovoltaïques et autoconsommation résidentielle
L'intégration de panneaux photovoltaïques constitue une option incontournable pour les maisons écologiques visant l'autonomie énergétique. Une installation de 3 kWc (kilowatt-crête), occupant environ 20 m² de toiture, produit annuellement entre 2 700 et 3 900 kWh selon la région, ce qui correspond approximativement à la consommation électrique d'un foyer économe (hors chauffage et eau chaude). Le rendement des panneaux standards oscille entre 16 et 22%, mais les technologies les plus récentes, comme les panneaux à hétérojonction ou tandem, atteignent désormais des rendements supérieurs à 25%.
L'autoconsommation avec vente du surplus représente aujourd'hui le modèle le plus avantageux pour les particuliers. Ce système permet de consommer directement l'électricité produite et de vendre l'excédent à un fournisseur d'énergie à un tarif fixé par contrat (environ 10 centimes/kWh actuellement). Pour maximiser le taux d'autoconsommation, qui se situe naturellement entre 20 et 30%, deux solutions principales existent : la mise en place d'un pilotage intelligent des appareils électriques, programmés pour fonctionner pendant les périodes de production, et l'installation d'un système de stockage par batteries domestiques, dont les capacités varient généralement de 5 à 15 kWh.
Le coût d'une installation photovoltaïque en autoconsommation se situe entre 8 000 et 12 000 euros pour 3 kWc, auquel il faut ajouter entre 5 000 et 10 000 euros pour un système de stockage de 5 kWh. Bien que l'investissement initial soit conséquent, diverses aides financières comme la prime à l'autoconsommation (jusqu'à 380 euros par kWc) et le taux de TVA réduit à 10% permettent de réduire significativement ce montant. Dans un contexte de hausse continue des prix de l'électricité, le retour sur investissement s'établit généralement entre 8 et 15 ans, pour une durée de vie des panneaux supérieure à 30 ans.
Systèmes de récupération des eaux pluviales et leur intégration architecturale
La gestion durable de l'eau constitue un aspect fondamental des maisons écologiques. Les systèmes de récupération des eaux pluviales permettent de réduire considérablement la consommation d'eau potable, une ressource précieuse et de plus en plus sous pression dans de nombreuses régions. Un système bien dimensionné peut couvrir jusqu'à 50% des besoins en eau d'un foyer, notamment pour l'arrosage du jardin, le nettoyage extérieur, les toilettes et, sous certaines conditions, le lave-linge. Pour une maison de 100 m² de toiture et une pluviométrie moyenne de 800 mm/an, le potentiel de récupération atteint environ 80 m³ d'eau par an.
L'intégration architecturale des systèmes de récupération d'eau représente un enjeu esthétique important. Les cuves hors-sol, d'une capacité variant de 300 à 5 000 litres, peuvent être dissimulées par des habillages en bois ou intégrées dans des constructions annexes comme un abri de jardin. Les cuves enterrées, dont la capacité peut atteindre plusieurs dizaines de milliers de litres, offrent une solution plus discrète mais nécessitent des travaux de terrassement conséquents. Ces installations doivent être complétées par un système de filtration adapté à l'usage prévu : filtre à particules pour les usages extérieurs, filtration plus poussée avec désinfection UV pour les usages intérieurs.
Au-delà des aspects techniques, la conception bioclimatique intègre la gestion des eaux pluviales dans une approche globale de la parcelle. Les toitures végétalisées, qui retiennent jusqu'à 60% des précipitations tout en améliorant l'isolation thermique, les noues paysagères qui favorisent l'infiltration, ou encore les jardins de pluie qui filtrent naturellement les eaux de ruissellement, constituent autant de solutions complémentaires aux systèmes de récupération. Cette approche intégrée permet non seulement d'économiser l'eau potable mais également de limiter l'imperméabilisation des sols et les risques d'inondation, tout en créant des espaces paysagers attractifs et favorables à la biodiversité.
Ventilation double flux et puits canadiens pour une qualité d'air optimale
La qualité de l'air intérieur constitue un enjeu sanitaire majeur dans les habitations modernes, particulièrement dans les constructions écologiques très étanches à l'air. La ventilation mécanique contrôlée (VMC) double flux représente une solution particulièrement adaptée, permettant de renouveler l'air tout en limitant les déperditions thermiques. Ce système extrait l'air vicié des pièces humides (cuisine, salle de bain) et insuffle de l'air neuf dans les pièces de vie (salon, chambres) après l'avoir fait transiter par un échangeur thermique. Ce processus permet de récupérer jusqu'à 90% de la chaleur de l'air extrait, réduisant considérablement les besoins en chauffage.
Le puits canadien (ou provençal), également appelé échangeur air-sol, constitue un complément ou une alternative naturelle à la VMC double flux. Ce dispositif consiste à faire circuler l'air neuf dans un réseau de tubes enterrés à une profondeur où la température du sol reste stable (entre 1,5 et 3 mètres), avant de l'introduire dans l'habitation. En hiver, l'air froid extérieur se réchauffe au contact du sol (généralement à 12-14°C) avant d'entrer dans la maison, tandis qu'en été, l'air chaud se rafraîchit naturellement. Pour une maison individuelle, un puits canadien comprend généralement 30 à 50 mètres de tubes en polyéthylène haute densité ou en polypropylène (matériaux neutres sur le plan sanitaire), d'un diamètre de 160 à 200 mm.
Ces systèmes de ventilation doivent être complétés par une attention particulière aux matériaux intérieurs pour garantir une qualité d'air optimale. L'utilisation de revêtements sans COV, de bois non traités ou traités avec des produits naturels, et l'absence de colles synthétiques contribuent à limiter la pollution de l'air intérieur. Des solutions naturelles comme les plantes dépolluantes (ficus, lierre, chlorophytum) ou l'utilisation de matériaux hygroscopiques comme l'argile ou la chaux, qui régulent naturellement l’humidité, renforcent encore cette qualité d’air. Ces matériaux, en plus de leur faible impact environnemental, participent au confort intérieur en absorbant les excès d’humidité et en réduisant les risques de moisissures.
Les maisons "écolo friendly" incarnent une réponse concrète aux enjeux climatiques et énergétiques actuels. En alliant performance, confort et durabilité, elles offrent un habitat sain et économique tout en valorisant le patrimoine immobilier. Plus qu’une tendance, elles représentent une évolution nécessaire vers un mode de vie plus responsable, où écologie rime avec qualité de vie.